LA TAPISSERIE AU XV° SIÈCLE                         07
dressé en 1420, celui que les Anglais firent rédiger deux ans après, et où sont décrites en grand détail les étoffes et tapisseries trouvées dans le palais de l'infortuné roi de France, on-aura un tableau très complet de ce que l'art du tapissier avait produit de plus parfait et de plus précieux; jusqu'à l'année 1422. L'inventaire de Charles VI fut écrit peu avant la dispersion des trésors royaux partagés entre les vainqueurs. Il entre dans des détails précis qu'on rencontre rarement dans les documents de même nature; à ce titre, il mérite d'être étudié avec un soin particulier. Mais, comme il est fort long, et comme nous en avons reproduit tous les pas­sages essentiels dans notre Histoire de la tapisserie française, nous nous bornerons à citer ici, soit les sujets tirés des événements con­temporains, soit ceux dont l'originalité retient forcément l'attention. Dans cette dernière catégorie rentrent de nombreuses scènes fami­lières , parfois quelque, peu grossières, qu'on ne dédaignait pas d'admettre dans les appartements occupés par le roi et sa cour. Charles VI possédait, comme son cousin le duc de Bourgogne, la représentation de la Conquête de l'Angleterre. Le même sujet figurant sur deux inventaires absolument contemporains, il a évi­demment coexisté deux exemplaires de la même composition. Sur la tenture des Joutes de Saint-Denis, sortie des ateliers de Ba­taille et Dourdin, notre inventaire abonde en détails du plus haut intérêt. Il mentionne aussi une tapisserie de Bertrand du Guesclin; c'est la quatrième au moins dont nous constations l'exis­tence. Enfin les deux tapisseries représentant la Bataille des Trente et les Joutes de Saint-Inglevert sont encore de vieilles connais­sances. Dès 1396, on les réparait l'une et l'autre; leur exécution remonte donc à une date antérieure. La dernière est souvent dési­gnée sous le nom de tapis Boucicaut, du nom du brave chevalier qui soutint pendant plusieurs jours, à Saint-Inglevert, le choc des Anglais.
Si, des scènes tirées d'événements contemporains, nous passons aux sujets de la vie familière ou rustique, nous trouvons une très grande variété. Ce sont des chasses à courre ou au vol, des danses de bergers et de bergères. La mythologie amoureuse est large­ment représentée dans la décoration des appartements royaux. A côté de la Déesse d'Amours, accompagnée de plusieurs person­nages d'Amours, figurent le Priant d'Amours, une Chambre d'A-' mours à huit personnages, une autre composition de Dix hommes